Dans un monde où l’égalité des chances reste un défi, Detect Pro Fund émerge comme un pionnier en matière d’investissement social, avec son engagement singulier envers la détection et la formation de jeunes footballeurs issus de milieux modestes. Entretien avec Mike Coffi, directeur général d’Africa Capital Markets Corporation (ACMC), à l’initiative de ce fonds créé en partenariat avec le centre de formation Africa Paris Saint-Germain Academy Pro.
“En plus de fournir un soutien financier, le fonds investit dans des programmes de développement personnel et de mise à niveau scolaire ”
Forbes Afrique : Pourquoi avez-vous créé le fonds Detect Pro Fund ?
Mike Coffi : Il y a d’abord un constat : malgré un vivier de joueurs reconnus, le continent accuse un retard dans sa représentation au niveau des compétitions internationales. Ses infrastructures sont insuffisantes, ce qui limite le développement des compétences des jeunes. À cela s’ajoute un manque de financements, qui entrave la progression du football à tous les niveaux. Nous avons donc lancé le premier fonds d’investissement sportif de la région, il y a deux ans, avec l’objectif de financer et former des pépites du ballon rond africain afin de les professionnaliser et leur donner accès à des championnats majeurs, pour leur offrir l’opportunité d’exprimer leur talent.
En quoi consiste votre projet de façon plus précise ?
M. C. : Il a quatre objectifs précis. Le premier comporte un volet social à travers le financement, souvent très coûteux, de la formation sportive et éducative de talents qui proviennent essentiellement de milieux défavorisés. Le deuxième réside dans la volonté d’avoir un impact sur le football local en permettant aux clubs formateurs partenaires du programme de bénéficier de revenus via le mécanisme de solidarité de la Fédération internationale de football association (FIFA) en vue d’améliorer leurs infrastructures et la formation, pour rehausser la qualité des championnats locaux. Ensuite, il y a la volonté de créer un vivier de joueurs professionnels pour renforcer les équipes nationales africaines. Enfin, notre initiative innovante vise un rendement financier responsable et attractif basé sur la performance de joueurs professionnels évoluant dans des clubs de football à l’international.
Quel est l’impact de vos investissements ?
M. C. : La taille de notre fonds est de 6,5 millions d’euros. Élaboré en partenariat avec l’ICEF Africa Paris Saint-Germain Academy Pro, une structure de référence, il vise à financer 100 jeunes talents issus de milieux défavorisés sur une période de cinq ans, avec déjà des résultats encourageants. Deux joueurs issus de notre première cohorte, Boris Koffi et Clark Bahi, ont signé leur premier contrat professionnel avec le Slavia Prague (actuel 2e du championnat tchèque, évoluant en Europa League), ce 14 mois après le début de leur formation au Paris Saint-Germain Academy Pro Sénégal. Pour le prochain mercato d’hiver, nous ambitionnons de faire signer trois autres joueurs.
Comment se déroule la détection ?
M. C. : Notre cible, ce sont de jeunes talents âgés de 16 à 18 ans présentant des aptitudes athlétiques, psychologiques et techniques supérieures à la moyenne. Nous nous appuyons sur des partenariats stratégiques avec des centres de formation locaux et des organisations communautaires. Notre processus de détection se déroule à travers deux étapes très sélectives. La première consiste à identifier, par le biais de tournois, plus de 4000 joueurs durant une période de trois mois. Elle est suivie d’une séance de détection finale pour sélectionner 20 joueurs sur des critères précis, en collaboration avec notre partenaire technique, la PSG Academy Pro Sénégal. Ces pépites partent ensuite chez notre partenaire pour une formation de deux ans, entièrement financée. À son terme, certains pourront prétendre à une carrière internationale au plus haut niveau. Pour les autres, cette formation permettra de mettre en exergue les aptitudes développées en jouant dans un championnat local donné.
Comment votre initiative se distingue-t-elle des autres académies présentes sur le continent ?
M. C. : Nous misons sur la qualité de la formation des jeunes recrutés. En plus de fournir un soutien financier, le fonds investit dans des programmes de développement personnel et de mise à niveau scolaire à travers un partenariat, dans le cadre du Sénégal, avec le Lycée français de Sally. Cette approche holistique vise à garantir que les talents détectés ne sont pas seulement identifiés, mais qu’ils sont également dotés des outils nécessaires pour exceller dans d’autres domaines.
Quels sont les avantages pour l’écosystème footballistique local ?
M. C. : En Côte d’Ivoire par exemple, nous avons une multitude de clubs formateurs, mais ils ne sont pas très bien encadrés ni structurés, non parce qu’ils ne possèdent pas les compétences, mais parce qu’ils ne disposent pas des moyens nécessaires. Notre projet vient ici leur donner un coup de pouce en leur permettant d’exposer leurs jeunes, d’avoir des revenus issus des indemnités mentionnées précédemment. Outre l’impact sur les centres de formation, nous créons un vivier de joueurs pro pour les équipes nationales. Quant aux joueurs qui ne partent pas à l’international, ils reviennent rehausser le championnat local. Du coup, nous apportons du financement indirect à ces clubs formateurs, ce qui leur permettra de se professionnaliser et de renforcer leur plateau technique.
Pour plus de détails, consultez les sources de l’article : Forbes Afrique